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Date :

16/4/2025

Moi et les autres – Créer une culture de confiance

Jean-Philippe Courtois
Jean-Philippe Courtois
Ex-EVP, Président de Microsoft Corp., Président de Live for Good
Moi et les autres – Créer une culture de confiance

Bienvenue dans l’édition d’avril de Positive Leadership & You, dans le cadre de notre thématique trimestrielle : « Gérer votre énergie et instaurer la confiance pour un avenir durable partagé ». Ce mois-ci, nous nous concentrons sur la dimension « Moi et les autres » – construire la confiance au sein des équipes et des organisations.

Construire une culture de confiance

La confiance n’est pas une compétence douce – c’est un atout stratégique. Dans notre échange, Stephen M. R. Covey, auteur de The Speed of Trust, a partagé que la confiance est le fondement de toute organisation qui réussit. Il nous a rappelé que :

En tant que leaders, nous ne pouvons construire une confiance durable sans ces deux éléments. Faire preuve d’intégrité, tenir nos promesses et montrer du respect sont tout aussi essentiels qu’être efficace et fiable.

Covey souligne également que la confiance accélère tout : lorsque la confiance est élevée, la vitesse augmente et les coûts diminuent. Cela est vrai non seulement dans les affaires, mais dans toutes les relations que nous dirigeons.

Construire une culture de confiance (avec Stephen M. R. Covey)

Le pouvoir de la transparence et de l’écoute

Indra Nooyi, ancienne PDG de PepsiCo, parle ouvertement de la façon dont la transparence et une communication authentique lui ont permis de bâtir des relations durables à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisation. Un des gestes de leadership les plus puissants, dit-elle, est simplement d’écouter – vraiment écouter – avec empathie et sans interruption.

Ce niveau d’ouverture ne crée pas seulement la loyauté – il transforme la manière dont les équipes fonctionnent. Les gens s’épanouissent lorsqu’ils se sentent écoutés, valorisés et respectés.

Stimuler la performance avec du sens (avec Indra Nooyi)

Diriger avec la sécurité psychologique

Dans notre épisode avec Amy Edmondson, pionnière dans le domaine de la sécurité psychologique, nous avons exploré pourquoi il est crucial de créer un espace où les gens peuvent s’exprimer sans crainte de jugement ou de sanction. Lorsque les personnes se sentent en sécurité pour exprimer des doutes, soulever des préoccupations ou admettre leurs erreurs, l’apprentissage et la collaboration prospèrent. Amy insiste sur le fait que la sécurité psychologique ne signifie pas être laxiste – cela signifie être clair sur les attentes tout en restant ouvert aux idées dans toute l’organisation. Elle encourage les dirigeants à faire preuve de curiosité, à solliciter activement les contributions et à répondre avec reconnaissance plutôt que par le blâme – surtout lorsque les choses tournent mal. Cela instaure une culture d’apprentissage où la confiance grandit grâce à l’ouverture et à la responsabilité partagée.

Comment bien échouer (avec Amy Edmondson)

Quand les leaders guident les autres vers la grandeur

Douglas Conant, ancien PDG de Campbell Soup, nous a appris que les leaders doivent être inflexibles sur les résultats – et tout aussi engagés envers les personnes. Selon ses mots :

« Pour gagner sur le marché, vous devez d’abord gagner sur le lieu de travail. »

Cela signifie construire la confiance par des actions constantes : honorer les engagements, reconnaître les efforts, et guider les autres pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Guider les autres vers la grandeur (avec Doug Conant)

Apprendre de ses erreurs – et les assumer

Jeff Raikes, ancien EVP chez Microsoft et ancien PDG de la Fondation Bill & Melinda Gates, a partagé une vérité simple qui m’a marqué : la confiance grandit lorsque les managers encouragent l’apprentissage à partir des erreurs, plutôt que leur dissimulation. Il s’est souvenu de moments déterminants chez Microsoft puis à la Fondation, où les gens pouvaient analyser les échecs sans crainte, et a même raconté une conversation courageuse au tout début de sa carrière avec Bill Gates, après un rappel de produit difficile. Ce genre d’honnêteté ne diminue pas la confiance – elle l’approfondit.

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Épisode spécial 100e ! Un parcours de leadership et de transmission (avec Jeff Raikes)

Cultiver la confiance, une conversation à la fois

Dans son dernier livre You're the Boss, la coach de dirigeants Sabina Nawaz nous rappelle que la confiance ne se construit pas par des gestes spectaculaires – elle se construit dans les micro-moments : les face-à-face quotidiens, l’espace que nous créons pour les retours, et le ton que nous adoptons dans les conversations difficiles. Elle propose une invitation aussi simple que puissante : lâcher le contrôle pour laisser place à la confiance.

Sabina met également en lumière les « fossés de pouvoir » qui surgissent souvent entre les leaders et leurs équipes – écarts d’information, de confiance en soi ou d’autorité perçue qui peuvent freiner le dialogue. La confiance se bâtit lorsque les leaders comblent activement ces fossés : en écoutant plus qu’ils ne parlent, en partageant les informations de manière transparente et en créant de l’espace pour que les autres contribuent. Ces choix quotidiens remplacent peu à peu la peur par de l’appropriation, et le silence par la contribution.

Son travail pousse les dirigeants à se décentrer pour devenir des guides – ceux qui permettent aux autres de diriger, de grandir et de s’épanouir. Elle explique que vous ne construisez pas seulement une équipe ; vous créez une confiance en action.

Dans l’esprit du Positive Leadership, cela signifie créer un climat où chacun se sent en sécurité pour s’exprimer, s’engager, et apprendre – même de ses erreurs.

Ma propre pratique : la confiance par la présence

Dans mon propre parcours de leadership – chez Microsoft et aujourd’hui avec Live for Good — j’ai appris que la confiance se construit souvent dans les petits moments.

Pour moi, cela passe par la présence : dans une conversation, une réunion d’équipe, un événement communautaire, ou même lors d’un échange rapide.

Je m’efforce de ralentir et d’être pleinement à l’écoute. Je me demande : Est-ce que j’écoute vraiment ? Est-ce que je crée un climat de sécurité pour que l’autre puisse partager ce qui compte ?

Quand les gens se sentent vus et en sécurité, la confiance grandit – naturellement, durablement.

Alors que vous guidez vos équipes ce mois-ci, je vous invite à réfléchir :

  • Comment démontrez-vous la confiance dans vos actions et votre présence ?

  • Quels signaux envoyez-vous pour montrer aux autres qu’ils sont valorisés – et en sécurité ?

  • Comment réagissez-vous lorsque les choses tournent mal ?

Poursuivons la conversation. J’aimerais beaucoup savoir comment vous construisez la confiance dans votre organisation.

Parce que la confiance n’est pas une destination – c’est une pratique quotidienne. Et plus nous la cultivons, plus nos équipes deviennent résilientes, innovantes et humaines.

Je vous souhaite un mois riche en connexions et en confiance,

Jean-Philippe Courtois